Bulletin N°25

Les centres lymphoïdes associés aux plexus veineux de la dure-mère sont à l’origine de réponses immunes humorales dans les méninges - Nature - Mars 2024

Zachary Fitzpatrick et al.

Des cellules de l’immunité innée et adaptative sont présentes dans la dure-mère. Dans cette étude, les auteurs identifient des structures lymphoïdes organisées qui seraient impliqués dans la protection des capillaires fenestrés de la dure-mère. La plus élaborée de ces structures lymphoïdes associées à la dure-mère (DALT pour « dural-associated lymphoid tissue ») entoure la confluence des sinus veineux de la dure-mère (plus spécifiquement le sinus rostral-rhinal) et englobe des vaisseaux lymphatiques dure-mériens. Cette structure exerce une fonction d’interface avec la moelle osseuse du crâne et un autre plexus veineux localisé à la base du crâne. Les auteurs proposent de nommer cette structure « hub veino-lymphatique rostral-rhinal ». Les agrégats immunitaires présents dans les DALT augmentent avec l'âge ou après l'exposition à des antigènes administrés par voie systémique ou nasale. En réponse à une stimulation antigénique par voie nasale, on observe dans les DALT des cellules B s’organisant en centres germinatifs et la génération de plasmocytes ayant suivi un processus d’hypermutation somatique. Lors d’une infection virale par voie nasale, l'inhibition de l'entrée des lymphocytes dans le hub rostral-rhinal abolit la génération de centres germinatifs et de plasmocytes hypermutés. On observe également une perturbation des interactions entre lymphocytes B et T.

Une exposition prolongée aux cytokines dérivées des poumons est associée à l'activation des cellules microgliales chez les patients atteints de la COVID-19 - JCI Insight - Mars 2024

Rogan A. Grant et al.

Dans des modèles murins de pneumonie, des travaux antérieurs ont montré que l’infection pulmonaire induit la libération systémique de cytokines pro-inflammatoires qui impactent les fonctions cognitives. Dans cet article, les auteurs ont mesuré les niveaux de 55 cytokines et chimiokines dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire et le plasma d'une cohorte de 341 patients en insuffisance respiratoire et 13 patients témoins sains. Dans le groupe de sujets malades, 93 patients non vaccinés étaient atteints de la COVID-19 et 203 patients atteints d'autres causes de pneumonie. Dans le sang, les mesures de cytokines pro-inflammatoires atteignent des pics similaires, quelle que soit l’étiologie de la pneumonie infectieuse.  En revanche, l'exposition cumulative aux cytokines était plus élevée chez les patients COVID-19. Par ailleurs, le traitement par corticostéroïdes permettait de réduire l'expression des cytokines qui sont spécifiquement libérée lors de la COVID-19. En parallèle, une analyse par RNA-seq sur cellule unique a été réalisée sur les cellules microgliales cérébrales issues des tissus post-mortem de 5 patients COVID-19 et 3 patients décédés d'autres causes. Les résultats montrent que les cellules microgliales des patients COVID-19 présentent une signature transcriptomique suggérant leur activation par des cytokines pro-inflammatoires circulantes. L’ensemble de ces résultats corroborent les données des modèles murins liant de manière causale l'inflammation systémique à la dysfonction cognitive dans la pneumonie.

Les neutrophiles altèrent l’intégrité des vaisseaux rétiniens et bloquent la régénérescence du nerf optique dans un modèle de lésions rétiniennes inflammatoires - Cell Reports - Mars 2024

Ryan Passino et al.

Chez les mammifères adultes, les cellules ganglionnaires rétiniennes (RGC), lorsqu’elles sont lésées, échouent à régénérer spontanément leurs axones, entraînant ainsi un déficit visuel permanent. Cependant, dans des modèles expérimentaux de lésions rétiniennes, une croissance des axones est observée après l'injection intraoculaire de β-glucane. Les cellules myéloïdes sanguines répondent alors rapidement au β-glucane, libérant de nombreux facteurs qui promeuvent la régénérescence axonale. Néanmoins, ces effets sont compromis par la réponse immune aux lésions rétiniennes. Dans cet article, les auteurs montrent que l'ablation fonctionnelle du récepteur de type 3 au complément (CD11b/intégrine-αM), mais pas de la fraction C3 ou C1q du complément, réduit l'inflammation oculaire, protège la barrière sang-rétine et améliore la régénérescence des RGC. De la même façon, la déplétion sélective des neutrophiles protège la barrière sang-rétine et améliore la régénérescence des RGC. Ces résultats montrent que protéger l’intégrité des vaisseaux rétiniens peut favoriser la repousse du nerf optique dans un modèle de lésions rétiniennes inflammatoires.

Chez la souris, une sous-population de cellules microgliales façonnent le développement du cortex somatosensoriel via l’activation du récepteur à l’Interféron de type I - Cell- Mars 2024

Caroline C. Escoubas et al.

Il est maintenant reconnu que la microglie joue un rôle essentiel dans le développement normal ou pathologique des circuits neuronaux. Les programmes d’activation microgliale associés au développement cérébral restent toutefois peu connus. Dans cette étude, les auteurs ont identifié une sous-population microgliale spécifique dans le cortex somatosensoriel de souris en développement. Ces cellules phagocytent des neurones et engagent un programme d’activation dont la signature indique une réponse à l'interféron de type I (IFN-I). Cette population microgliale s'accroît lors du remodelage cortical induit par une privation partielle des signaux sensitif issus des vibrisses. Le KO microgliale du récepteur à l'IFN-I (IFNAR1) entraîne un dysfonctionnement phagolysosomal de la microglie et une accumulation de neurones présentant des dommages de l'ADN. A contrario, chez la souris et le poisson-zèbre, l’injection intra-cérébrale ou la surexpression neuronale d’Interféron-beta augmentent l'englobement microgliale des neurones et restreint l'accumulation de neurones présentant des dommages de l'ADN.

Dans un modèle murin de la maladie d’Alzheimer, le métabolisme intracérébral des hormones thyroïdiennes est altéré, conduisant à une diminution de l’activation microgliale neuroprotectrice - Science Advances – Mars 2024

DONG KYU KIM et al.

Dans cette étude, les auteurs mettent en évidence une baisse des taux hippocampiques d’hormones thyroïdiennes et d’iodothyronine déiodinase 2 dans un modèle murin de maladie d’Alzheimer. Ce déficit en hormones thyroïdiennes conduit à une diminution de l’activation des cellules microgliales en réponse à l'amyloïde-β ce qui aggrave les signes neuropathologiques de la maladie d’Alzheimer. Le principal mécanisme moléculaire identifié par les auteurs est une réduction de l’expression microgliale d’ecto-5'-nucléotidase (CD73). L’ensemble de ces résultats révèle que les hormones thyroïdiennes façonnent les réponses microgliales aux stimuli inflammatoires, y compris à l'amyloïde-β, et que l'hypothyroïdie cérébrale dans un modèle murin précoce de la maladie d'Alzheimer aggrave la pathologie via une dysfonction des cellules microgliales.

Les brèves du Bulletin N°25

 

Article N°1

Levi Adams et al.

Atlas des anomalies transcriptomiques et épigénétiques observées dans les cellules gliales au cours de la maladie de Parkinson.

Nature Aging – Mars 2024

 

Article N°2

Zhu Li et al.

Les miRNA jouent un rôle essentiel dans la régulation du profil génomique et des fonctions microgliales.

Cell Reports – Mars 2024

 

Article N°3

Isabelle Jia-Hui Foo et al.

Une infection cérébrale induite par un virus neurotrope peut impacter la réponse T observée lors d’une infection virale ultérieure induite par un virus pneumotrope.

Nature communications – Mars 2024

 

Article N°4

Salome Funes et al.

La mutation du gène PFN1 associée à la SLA altère les mécanismes d’autophagie et de phagocytose dans les cellules microgliales dérivées d’iPSCs.

Nature communications  – Mars 2024