Bulletin N°28

Article de revue - Les cellules microgliales : une boîte à outils pour tous les âges de la vie - Trends in Immunology – Avril 2024

Kristine E. Zengeler et al.

Après des décennies passées dans l’ombre, la microglie est l’objet d’une vague d'études démontrant son rôle crucial pour i) établir et maintenir un fonctionnement physiologique du réseau neuronal, et ii) orchestrer les réponses immunes intracérébrales à des stimuli potentiellement neurotoxiques. De nombreux programmes d’activation et de multiples molécules instruisant les cellules microgliales opèrent tout au long de la vie. Un exemple frappant est la similarité des réponses microgliales aux facteurs de stress pendant le neurodéveloppement et durant les pathologies neurodégénératives. Dans cette revue, les auteurs s’appuient sur les données bibliographiques pour proposer l’existence d’un « sensome » commun aux cellules microgliales et aux autres macrophages tissulaires. Ce sensome commun, composé de récepteurs et de molécules de signalisation, est semblable à une boîte à outils permettant aux cellules microgliales de mettre en place des réponses adaptées à un large éventail de situations physiologiques ou pathologiques.

La signalisation calcique via P2Y6 favorise l’activité phagocytaire de la microglie et façonne les réponses neuro-immunes impliquées dans l'épileptogenèse - Neuron – Avril 2024

Anthony D. Umpierre et al.

La signalisation calcique des cellules microgliales est pauvre à l'état basal mais fortement activée aux stades précoces de l'épilepsie. Dans cette étude les auteurs ont développé une sonde fluorescente permettant d’analyser in vivo les variations d'uridine diphosphate (UDP). Ils ont ainsi découvert que la libération d'UDP est une réponse commune aux crises d’épilepsie et à l'excitotoxicité dans toutes les régions du cerveau. L'UDP, en se liant au récepteur P2Y6 augmente la signalisation calcique dans les cellules microgliales pendant l'épileptogenèse. La signalisation calcique via P2Y6 est associée à la biogenèse de lysosomes et à une production accrue de cytokines associés à la voie NFκB. Dans l'hippocampe, l'invalidation du récepteur P2Y6 prévient l’englobement complet des neurones par la microglie. Plusieurs caractéristiques induites par l'invalidation de P2Y6Lsont reproduite par l'expression d'un gène promouvant l’efflux de calcium. Les souris P2Y6 KO soumises à un modèle d’épiléptogenèse conservent plus de neurones dans la région CA3 de l’hippocampe et de meilleures performances cognitives.

Article de revue - Immunité innée et maladies neurodégénératives - Immunity – Avril 2024

Sergio Castro-Gomez et Michael T.Heneka

L'activation des récepteurs de type PRR (« pathogen recognition receptors ») par les signaux DAMP (« damage associated molecular pattern ») est actuellement reconnue comme l'un des mécanismes physiopathologiques majeurs des maladies neurodégénératives. Dans cet article, les auteurs passent en revue les preuves expérimentales, épidémiologiques, neuropathologiques et génétiques soulignant l'importance de l'immunité innée durant les phases prodromiques puis symptomatiques de troubles neurodégénératifs tels que la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique et la démence fronto-temporale. Dans ces pathologies, les médiateurs inflammatoires de l’immunité innée contribuent aux anomalies de la protéostase, à l'agrégation pathologique de protéines, aux anomalies du cytosquelette, aux altérations de l'homéostasie énergétique, aux dysfonctions transcriptomiques et lésions d'ADN, ainsi qu’au déséquilibre synaptique et neuronal conduisant in fine à la mort cellulaire neuronale.

Article de revue - Les moteurs immunitaires de la douleur - Journal of Experimental Medicine – Avril 2024

Aakanksha Jain et al.

La douleur physiologique agit comme un avertissement d'exposition au danger et nous incite à nous retirer de stimuli nocifs afin d’éviter toute lésion tissulaire. La douleur peut également nous alerter d'une infection ou d'un dysfonctionnement d'organe et aider à localiser un tel dysfonctionnement. Cependant, la douleur peut être purement pathologique, comme c’est le cas pour la douleur neuropathique. Dans cet article, les auteurs passent en revue les mécanismes immunitaires qui sont essentiels à la fois à la douleur physiologique et aux douleurs pathologiques. Les données récentes montrent que les cellules de l’immunité innée et de l’immunité adaptative contribuent à l'initiation, la modulation, la persistance ou la résolution de la douleur. Les perspectives thérapeutiques qui en découlent sont discutées.

Article de revue - Les neurones sensoriels : une composante intégrée de l'immunité innée - Immunity – Avril 2024

Liwen Deng et al.

Le système nerveux somato-sensoriel possède la capacité d'intégrer les menaces exogènes et les signaux endogènes pour orienter les fonctions effectrices en aval. Sur la base de ce schéma général, il a été démontré que les neurones somato-sensoriels étaient capables d’activer ou d’inhiber les défenses immunitaires de l'hôte, que ce soit en réponse à des pathogènes ou à des altérations fonctionnelles et/ou tissulaires de tout type. Dans cet article, les auteurs discutent des résultats récents révélant l’existence d’une véritable circuiterie neuro-immune qui régule l'homéostasie tissulaire, l'inflammation et les défenses immunes de l'hôte. Ces découvertes élargissent nos connaissances sur l’implication des neurones sensoriels dans le contrôle de l'immunité innée.