Bulletin N°40

Article de revue - Redéfinir notre vision : un guide actualisé du système immunitaire oculaire - Nature Reviews Immunology – Août 2024

Mengliang Wu et al.

Le système immunitaire oculaire a longtemps été considéré comme distinct en raison du « privilège immunitaire » de ses tissus constitutifs. Plus récemment, les techniques modernes d’analyse transcriptomique ont révélé la spécialisation des différentes populations de cellules immunitaires dans les tissus oculaires. Le phénotype des cellules immunitaires de la cornée et de la rétine a pu être précisé ainsi que les liens entretenus par ces cellules avec le système immunitaire systémique ainsi qu’avec les systèmes nerveux central et périphérique. Par ailleurs, grâce à l'imagerie intravitale, il a pu être établi que des cellules T résident et patrouillent activement au sein de la cornée humaine saine. Enfin, au niveau de la rétine, les programmes d’activation microgliale associés à la dégénérescence rétinienne, ont également été identifiées. Cette revue propose un guide actualisé du système immunitaire oculaire, mettant en lumière les connaissances actuelles sur les cellules immunitaires présentes dans les tissus oculaires à l’état normal et en situation pathologique, ainsi que les preuves de leur relation avec les maladies systémiques. De plus, les auteurs inventorient les nouvelles techniques d'imagerie intravitale permettant de visualiser in vivo la morphologie et la dynamique des cellules immunitaires dans l’œil humain. L’apport de ces techniques d’imagerie à la compréhension physiopathologique des maladies de l’œil est exposé. 

La protéine prion altère le contrôle viral et aggrave la pathologie dans un modèle murin d’infection néonatale par le cytomégalovirus - Nature Communications – Septembre 2024

Dubravka Karner et al.

Dans cette étude, les auteurs ont analysé un modèle murin d’infection néo-natale par le cytomégalovirus (CMV). Ils montrent que le KO du gène codant pour la protéine prion (PrP) résulte en un meilleur contrôle viral grâce à une réponse augmentée des cellules T CD8 dirigées contre le CMV. Cela se traduit par une diminution des titres viraux et des anomalies neuropathologiques. Au plan mécanistique, les auteurs montrent que l'infection par CMV induit une régulation à la hausse de PrP, suivie de sa libération sous forme soluble via la métalloprotéinase ADAM10. Ce processus impacte négativement la réponse T CD8, uniquement chez les nouveau-nés. Dans des fibroblastes humains infectés par le CMV, on observe également une diminution de l’expression membranaire de PrP, soulignant la pertinence de ce travail au-delà du modèle murin.

Un axe lymphocytes T γδ–IL-3 contrôle les réponses allergiques via les neurones sensoriels - Nature – Septembre 2024

Cameron H. Flayer et al.

Des travaux antérieurs ont montré que les neurones sensitifs, via leurs terminaisons périphériques, sont capables de détecter des allergènes cutanés. En retour, ces neurones sont responsable d’un prurit et de l’initiation de la réponse immune allergique via l'activation in situ de cellules immunitaires innées. Par ailleurs, dans un contexte d'inflammation allergique chronique, la perpétuation du prurit est favorisée par des facteurs immunitaires qui sensibilisent les neurones sensoriels. Toutefois, dans ce schéma fonctionnel, on ignore encore si à l’état naïf (c’est-à-dire en dehors d’une situation d’inflammation allergique chronique) les cellules immunitaires régulent le seuil d'activation neuronale induit par les allergènes. Dans cette étude, les auteurs décrivent un axe de signalisation impliquant des lymphocytes T γδ et l’IL-3 dans le contrôle de la réactivité neuronale aux allergènes. Une sous-population de lymphocytes T γδ épidermiques, nommées par les auteurs cellules GD3 (gamma delta 3), produit la cytokine signature IL-3 et promeut à la fois le prurit et l'initiation de la réponse immunitaire allergique. L'IL-3 active les neurones sensoriels via le récepteur à l’IL3 Il3ra et la molécule de signalisation JAK2. Il s’ensuit une diminution du seuil de sensibilité aux allergènes sans toutefois qu’il y ait induction directe d’un prurit. L’IL-3 synthétisé par les cellules GD3 agit également via STAT5 pour favoriser la production de neuropeptides et l'initiation de l'immunité allergique. Ces résultats révèlent l’existence d’un rhéostat immunitaire endogène qui, dès la première exposition à un allergène, régule en amont les réponses neuronales sensorielles. Cette voie ouvre de nouvelles voies thérapeutiques et pourrait expliquer les différences interindividuelles de susceptibilité aux allergies.

Ingénierie des cellules T pour le traitement des lésions médullaires - Nature - Septembre 2024

Wenqing Gao et al.

Dans cette étude, les auteurs ont analysé les séquences TCR (« T-cell receptor ») des lymphocytes T infiltrant la moelle épinière dans un modèle murin de traumatisme médullaire.  Ils démontrent l'expansion clonale de lymphocytes T CD4+ dirigés contre des autoantigènes myéliniques et neuronaux.  En exploitant une stratégie de thérapie génique et cellulaire basée sur la reconstitution transitoire du répertoire T, les auteurs montrent que des cellules T auto-immunes exogènes peuvent exercer des effets neuroprotecteurs notables. Cette activité est liée en partie à une modulation des programmes d’activation myéloïde, via l'interféron-gamma (IFNγ). Par ailleurs, le caractère transitoire de la reconstitution T prévient tout risque de pathologie auto-immune. Ces résultats offrent de nouvelles perspectives thérapeutiques et apportent un éclairage mécanistique sur la fonction neuroprotectrice des lymphocytes T autoréactifs.

Article de revue – Utilisation d’autoanticorps monoclonaux dérivant de patients pour la caractérisation de protéotypes neuronaux d’intérêt - Trends in Neurosciences - Septembre 2024

Matthew Baum and Christopher Bartley

Un objectif majeur des neurosciences est de caractériser le profil moléculaire protéique (protéotype) et les propriétés fonctionnelles des neurones impliqués dans les maladies neuropsychiatriques. Pour atteindre ces objectifs, les auteurs de cet article proposent d’utiliser des autoanticorps monoclonaux dérivés de patients. Les avancées techniques récentes permettent en effet un clonage efficace d’autoanticorps à partir de prélèvements sanguins. Les autoanticorps obtenus chez des patients atteints de maladies neuropsychiatriques peuvent être introduits dans des modèles animaux afin d’obtenir des informations biologiques et pathobiologiques sur les protéotypes neuronaux d’intérêt. De plus, les techniques d’ingénierie protéique offrent la possibilité de modifier, améliorer, inhiber ou conférer de nouvelles propriétés fonctionnelles aux autoanticorps natifs, augmentant ainsi leur polyvalence. Les défis et limitations de cette stratégie sont discutés.

Les brèves du Bulletin N°40 

 

Article N°1

Han Wang et al.

Bases structurales des effets exercés par les autoanticorps anti-récepteurs au NMDA sur le clustering et l’endocytose.

Nature Structural and Molecular Biology - Septembre 2024

 

Article N°2

Zoe Rutter-Locher et al.

Article de revue - Mécanismes neuroimmuns de la douleur dans la polyarthrite rhumatoïde : une perspective pluridisciplinaire.

Nature Reviews Rheumatology - Septembre 2024